« Le parc du Gorongoza, oui c’est très joli mais il est fermé en ce moment. A cause de la saison des pluies. Il ne rouvre que courant mars… »

Marina a parlé et sa parole n’autorise aucune réplique. Elle connaît mieux le pays, elle y vit. Elle sait de quoi elle parle, c’est elle qui organise les excursions proposées par le backpacker. Elle te dit ça avec son sourire radieux d’italienne. Là, tu te demandes où est l’arnaque because que voilà quinze jours que tu te balades au Mozambique et que tu n’as vu la pluie qu’un soir à Maputo et vite fait à Xai-Xai…

Bon oké admettons… A la rigueur ce n’est pas tellement grave que ce parc soit fermé. Certes il s’annonçait beau, avec ses montagnes et tout, mais des parcs où les bestiaux gambadent comme chez eux, il y en a des pelletées en Afrique et puis je ne cours pas après ça. Non, le problème est ailleurs. Désormais, entre Vilankulo et l’île de Mozambique, il y a un très grand rien, un immense rien. Quoiqu’il arrivât, il fallait bien l’emprunter cette route mais là… Un trajet de quatre ou cinq jours, en ne faisant que ça, avec paraît-il des chaussées dégueulasses tout du long, dans des bus inconfortables qu’on commence certes à maîtriser mais quand même… Et bon voyage bien sûr! Le sourire radieux de Marina n’a pas bougé. Après tout elle s’en fout elle, elle se la coule douce ici depuis cinq ans.

Une grande et belle carte un peu passée du Mozambique est accroché tout près. Je m’approche, la regarde et semble l’entendre rire à pleines dents en se payant ma face! Le Mozambique me cause:

« Hahahaha! Tu t’y attendais pas à celle-là, Mulungu? Avoue! Elle était plutôt agréable cette grande ligne droite depuis Maputo? Hahahaha, maintenant tu vas connaître le grande boucle qui parcours mon intérieur. Cinq jours mon gars, et sans arrêt d’agrément!!!!! Tu vas apprendre à connaître le Mozambique et tu verras, le jeu est plutôt amusant…»

Marina promène son sourire, immuable depuis qu’elle vit ici je pense. Interrogeons-là : Beira? Non, c’est moche, il n’y a rien faire. Oké. Quelimane? Ah non, encore moins, c’est horrible et a priori plutôt dangereux. Très bien très bien. Non mais t’inquiète, tu vas à Pambarra à vingt kilomètres d’ici, là tu prends un bus pour Nampula tranquille. D’accord, ils ne peuvent pas rouler de nuit et tu dois dormir dedans mais ça le fait. Mmmmh, Inchope? Oui tu peux dormir là-bas, il y a des motels. Ah, et Caia? Pareil! Ben voilà, merveilleux… On est lundi, il y en a un qui passe demain et un autre jeudi. Bon, ça a l’air coquet par ici,  je vais me poser un peu en attendant.

Trois jours plus tard, le jeu pouvait commencer.